[L’]outil, intitulé REMEDI[e]S, pour « Révision des prescriptions médicamenteuses potentiellement inapproprié[e]s chez les seniors », vise à détecter les prescriptions potentiellement inappropriées (PPI) chez les personnes âgées de 75 ans et plus ou 65 ans et plus et polypathologiques, en France.
L’approche nouvelle est la combinaison de critères implicites et des critères explicites sur les prescriptions inappropriées, soumise à un panel d’experts multidisciplinaires par méthode Delphi.
L’outil REMEDI[e]S comporte un algorithme en 7 étapes (critères implicites) qui abordent successivement la surprescription, la sous-prescription et le mésusage, combinés à chaque étape à 104 critères explicites divisés en 6 tableaux.
L’outil REMEDI[e]S pour aider à optimiser les prescriptions médicamenteuses chez les personnes âgées : conception, contenu et utilisation. Marie-Laure LAROCHE. Rev Geriatr 2023 ; 48 (7) 357-384.
Vous pouvez saisir la liste des DCI dans le champ de texte en haut de l'écran, puis lancer l’analyse en cliquant sur
. Si un critère correspond à au moins une DCI, il apparaît avec un fond orange. ATTENTION, des concordances entre DCI et critère peuvent être omises.Si, lors de cette analyse, la liste des DCI permet de valider le critère, il est coché. En plaçant votre souris sur le champ de texte du critère, vous verrez apparaître la liste des produits pris en compte par l’analyse quand vous la lancez. Vous pouvez en ajouter manuellement si l’outil ne l’a pas fait, (dé)cocher un critère selon votre analyse, etc. Rien ne remplace votre raisonnement...
pour afficher uniquement les critères cochés,
pour afficher tous les critères (cochés ou non),
pour copier les critères cochés dans le presse-papier (puis [Ctrl+V] ou [Commande ⌘+V] pour insérer le texte dans vos documents),
pour envoyer un message à l’auteur de cette page Web (Jean-Charles LALLIER).
SURUTILISATION
Indication valide
si NON => Interrompre le médicament
Duplication médicamenteuse
si OUI => Considérer un arrêt
Tableau 1 (D) : Liste de duplications médicamenteuses inappropriées en raison de potentielles conséquences cliniques graves et sans bénéfice supplémentaire attendu chez les personnes âgées de 75 ans et plus ou 65 ans et plus polypathologiques.
Cardiologie
D-1
Utilisation concomitante de 2 et plus diurétiques dans l’hypertension artérielle
Majoration du risque d’insuffisance rénale fonctionnelle et de troubles hydroélectrolytiques graves (dysnatrémies, dyskaliémies).
Utilisation concomitante de 2 et plus inhibiteurs du système rénine-angiotensine-aldostérone (≥ 2 IEC, ≥ 2 ARA II, IEC/ARA II).
Risque d’insuffisance rénale et d’hyperkaliémie, d’hypotension et de syncopes, sans effet bénéfique prouvé sur la réduction de la mortalité cardiovasculaire.
Ne pas associer ; vérifier l’observance.
La monothérapie est la règle (soit un IEC, soit un ARA II en fonction du terrain clinique du patient).
Utilisation concomitante de 4 et plus antihypertenseurs
Risque de troubles hydroélectrolytiques et d’insuffisance rénale fonctionnelle.
Majoration du risque d’hypotension orthostatique et de chutes.
Ne pas associer ; vérifier l’observance.
Contrôler la tension artérielle sur le nycthémère (par exemple : MAPA), évaluer l’absence d’existence d’une cause secondaire d’hypertension artérielle (par exemple : syndrome d’apnée obstructive du sommeil) et réévaluer l’application des conseils hygiénodiététiques.
Proposer une monothérapie à dose optimisée ou à majorer sans dépasser 3 antihypertenseurs maximum [Cf. critère O-2].
Utilisation concomitante de 2 et plus antiagrégants plaquettaires
Majoration du risque hémorragique.
Ne pas associer ; vérifier l’observance.
À l’exception de certaines situations particulières limitées dans le temps (par exemple : post-syndrome coronarien aigu, après la pose d’un stent, antécédents d’infarctus du myocarde et/ou sujets à haut risque athérothrombotique). Se reporter aux recommandations en vigueur.
Utilisation concomitante de 2 et plus AINS (la liste des AINS est définie dans le critère CC-3)
Majoration du risque d’ulcère et d’hémorragie digestive, d’insuffisance rénale fonctionnelle et d’hyperkaliémie, et du risque infectieux.
Ne pas associer ; la monothérapie est la règle.
Après reconsidération de l’indication et vérification des contre-indications : AINS à la plus petite dose efficace et la plus courte durée possible en dehors des situations à risque listées dans les critères CC-3, CC-7 et CC-11. Se reporter à ces critères pour adapter la prise en charge.
Ne pas utiliser l’indométacine [Cf. critère B/R-24].
Utilisation concomitante de 2 et plus antalgiques différents du même palier (hors association de deux formes galéniques d’une même molécule, par exemple : forme à libération prolongée et immédiate de morphine)
Potentialisation des effets indésirables sans augmentation de l’efficacité.
Ne pas associer ; vérifier l’observance.
Neuro-psychiatrie
D-7
Utilisation concomitante de 2 et plus psychotropes de la même classe pharmacologique (≥ 2 benzodiazépines, ≥ 2 antidépresseurs, ≥ 2 antipsychotiques)
Potentialisation des effets indésirables (troubles cognitifs, syndrome confusionnel, troubles de la vigilance, chutes) sans augmentation de l’efficacité.
Ne pas associer ; vérifier l’observance.
Réévaluation globale du traitement psychotrope et planification de l’arrêt des traitements dupliqués en prévention d’un syndrome de sevrage.
Omissions de médicaments dans certaines conditions cliniques fréquentes
si OUI => Débuter le traitement si applicable (hors contre-indications)
Tableau 2 (O) : Liste d’omissions de médicaments ou d’associations médicamenteuses dans des conditions cliniques fréquentes à traiter ou à prévenir chez les personnes âgées de 75 ans et plus ou 65 ans et plus polypathologiques.
Omissions de médicaments pour des conditions cliniques à traiter/prévenir
Cardiologie
O-1
Fibrillation atriale
En cas de fibrillation atriale non valvulaire : mise en place d’un traitement anticoagulant oral après évaluation du risque de saignement HAS BLED ≤ 2 et du risque embolique CHA2DS2VASC ≥ 2 (pour les hommes)/CHA2DS2VASC ≥ 3 (pour les femmes). Au choix :
• antivitamine K oral (warfarine) avec un INR cible : 2-3 ;
• anticoagulant oral d’action directe (AOD) : anti-Xa ou antithrombine à posologie efficace et adaptée à la fonction rénale.
En cas de fibrillation atriale valvulaire : traitement anticoagulant par antivitamine K oral (warfarine) toujours indiqué avec un INR cible en fonction du type de valve.
En cas d’intolérance et/ou de contre-indications aux anticoagulants : aspirine à dose antiagrégante.
Rappel : AOD contre-indiqué si clairance de la créatinine < 30 ml/min pour dabigatran et < 15 ml/min pour rivaroxaban/apixaban.
En première intention : contrôler la tension artérielle sur le nycthémère (par exemple : MAPA), vérifier l’absence d’une cause secondaire d’hypertension artérielle (par exemple : syndrome d’apnée obstructive du sommeil), évaluation de l’observance aux médicaments antihypertenseurs si déjà introduits, et de l’application des conseils hygiénodiététiques.
En seconde intention : proposer une monothérapie à dose optimisée ou à majorer sans dépasser 3 antihypertenseurs maximum avec un suivi régulier pour vérifier l’absence d’hypotension artérielle [cf. critère D-3].
O-3
Insuffisance cardiaque systolique chronique
Traitement de base par IEC (ou ARA II si intolérance aux IEC) et bêtabloquants (bisoprolol, carvédilol, métoprolol, nébivolol) en fonction du rapport bénéfice/risque et réponse clinique/biologique.
En fonction des stades de l’insuffisance cardiaque et de l’évolution des symptômes, autres traitements possibles. Par exemple : ajout de diurétiques si signes congestifs, d’antialdostérones ou d’ARA II, mise en place d’un traitement par sacubitril/valsartan en cas d’insuffisance cardiaque insuffisamment contrôlée par IEC et/ou ARA II.
Rappel : ne pas associer un IEC et un ARA II [cf. critère D2]. Association IEC et sacubitril/valsartan contre-indiquée (respecter un délai de 36 heures après l’arrêt de l’IEC en cas d’introduction).
O-4
Post-syndrome coronarien aigu en prévention secondaire
Association optimale : antiagrégant plaquettaire (association aspirine/clopidogrel ou aspirine/ticagrélor) pendant 12 mois puis aspirine ou clopidogrel (si contre-indication à l’aspirine) en monothérapie, bêtabloquant, IEC (ou ARA II si intolérance) et statine.
Réévaluation régulière avec un cardiologue
O-5
Syndrome coronaire chronique (angor stable)
Association optimale : antiagrégant plaquettaire (aspirine ou clopidogrel si contre-indication à l’aspirine), bêtabloquant et/ou antagoniste calcique [sauf ceux du critère B/R-18] et/ou dérivés nitrés, statine.
Réévaluation régulière avec un cardiologue.
Endocrinologie
O-6
Diabète avec microalbuminurie
Prescription d’un IEC ou d’un ARA II (si intolérance aux IEC ou en vue d’une néphroprotection) selon le rapport bénéfice/risque, la réponse clinique/biologique et le pronostic vital à 5 ans.
Neuro-psychiatrie
O-7
Dépression majeure
En 1re intention : IRS et IRSNA.
En 2e intention : miansérine, mirtazapine.
En 3e intention : après avis psychiatrique, antidépresseurs imipraminiques en cas de dépression sévère résistante.
Ophtalmologie
O-8
Glaucome primaire à angle ouvert
Traitement topique : analogues des prostaglandines (latanoprost, travoprost, bimatoprost), bêtabloquants (timolol), agonistes alpha-2 adrénergiques (brimonidine), inhibiteurs de l’anhydrase carbonique (dorzolamide ou brinzolamide).
Pneumologie
O-9
Bronchopneumopathie chronique obstructive
En première intention : bêta-2 agonistes ou anticholinergiques inhalés de courte durée d’action; bêta-2 agonistes ou anticholinergiques inhalés de longue durée d’action si persistance de la dyspnée.
En seconde intention : association corticoïdes inhalés et bronchodilatateurs de longue durée d’action chez sujets avec BPCO modérée à sévère avec exacerbations fréquentes et symptômes significatifs.
Rhumatologie
O-10
Ostéoporose confirmée (T-score ≤ -2,5) et/ou antécédents de fractures par fragilité osseuse
En prévention des fractures ostéoporotiques : supplémentation en calcium et vitamine D.
En première intention, mise en place d’un traitement par inhibiteurs de la résorption osseuse (biphosphonates) avec bilan bucco-dentaire avant introduction et réévaluation du rapport bénéfice/risque après ≥ 5 ans d’utilisation, ou
En 2e intention par modulateur sélectif de l’activation des récepteurs aux œstrogènes (raloxifène), inhibiteurs de la résorption osseuse (dénosumab), ou anabolisants osseux (tériparatide si antécédents d’au moins deux fractures vertébrales) avec une durée totale maximale de traitement de 24 mois.
Vaccins
O-11
Grippe
Vaccination recommandée pour toutes les personnes de 65 ans et plus (dose saisonnière).
O-12
Pneumocoque
Fortement recommandée pour les personnes âgées vivant en institution et personnes âgées de plus de 65 ans à risque de présenter des infections invasives à pneumocoque (immunodéprimées ou maladies sous-jacentes).
Se reporter au schéma du calendrier vaccinal en vigueur.
O-13
Zona
Vaccination recommandée chez les adultes âgés de 65 à 74 ans.
Se reporter au schéma du calendrier vaccinal en vigueur.
Omissions d’associations médicamenteuses en prévention d’effets indésirables dans certaines conditions cliniques
Douleur
O-14
Traitement par opioïdes
En prévention de la constipation induite par les opioïdes chez les personnes à risque : hydratation correcte, fibres alimentaires et co-prescription de laxatifs osmotiques (en première intention) [cf. critères B/R-32 et B/R-33].
En prévention des effets indésirables gastro-intestinaux, hépatiques et hématologiques du méthotrexate : supplémentation en acide folinique recommandée (dose ≥ 5 mg/semaine) lors d’un traitement par méthotrexate (même à faible dose).
L’acide folinique ne doit pas être pris le jour de l’administration hebdomadaire de méthotrexate.
methotrexate
MÉSUSAGE
Rapport bénéfices/risques défavorable et/ou une efficacité discutable
si OUI => Considérer les alternatives thérapeutiques
Tableau 3 (B/R) : Liste de médicaments potentiellement inappropriés (rapport bénéfice-risque défavorable et/ou efficacité discutable) chez les personnes âgées de 75 ans et plus ou 65 ans et plus polypathologiques.
Médicaments avec des propriétés anticholinergiques
Allergologie
B/R-1
Antihistaminiques de première génération : Chlorphéniramine, Cyproheptadine, Dexchlorphéniramine, Diphenhydramine, Hydroxyzine, Méquitazine, Phéniramine, Prométhazine, Triprolidine...
Effets anticholinergiques.
En première intention, privilégier un traitement par solution saline intranasale.
Si traitement pharmacologique nécessaire, choisir un antihistaminique sans ou avec faibles propriétés anticholinergiques : levocétirizine, cétirizine, desloratadine, loratadine, féxofénadine, mizolastine, bilastine, ébastine, rupatadine.
Effets anticholinergiques et autres effets indésirables à type de nausées et convulsions.
Non indiqué en traitement symptomatique de la douleur chronique.
Privilégier le paracétamol comme antalgique de palier I ou un antalgique de palier II en cas d’inefficacité du paracétamol [cf. alternatives du critère CC-3].
nefopam
Hépato-gastroentérologie
B/R-4
Antiémétiques (hors utilisation en soins palliatifs et postchimiothérapie) : Dimenhydrinate, Diphenhydramine, Méclozine, Métopimazine, Scopolamine (voie transdermique)
Effets anticholinergiques.
Si traitement pharmacologique nécessaire : dompéridone (< 30 mg/jour) si absence de contre-indication. Traitement limité à 7 jours.
Propriétés anticholinergiques et efficacité discutable.
En première intention, privilégier des mesures hygiénodiététiques (consommation de fibres sans excès, réduction de la consommation d’aliments gras, limiter les boissons gazeuses, etc.).
Si traitement pharmacologique nécessaire, privilégier des antispasmodiques gastro-intestinaux sans propriétés anticholinergiques : phloroglucinol, trimébutine, pinavérium.
Effets anticholinergiques et risque de cardiotoxicité en cas de surdosage.
Non recommandé en première intention pour la dépression.
Privilégier en première intention : IRS ou IRSNA ; en seconde intention : miansérine, mirtazapine [cf. critère O-7].
Débuter un traitement à dose faible et augmentation progressive de la dose jusqu’à la dose minimale efficace.
Réévaluation du traitement au cours des 3 à 4 premières semaines et adaptation de la posologie si nécessaire en fonction de la réponse clinique.
Effets anticholinergiques avec majoration du risque de cardiotoxicité (allongement de l’intervalle QT), de troubles de la marche avec risque de chutes et traumatismes crâniens, d’accidents vasculaires cérébraux et de décès.
Privilégier des antipsychotiques sans ou avec faibles propriétés anticholinergiques (par exemple : rispéridone, olanzapine, tiapride en fonction de l’indication).
Effets anticholinergiques et risque d’allongement de l’intervalle QT avec l’hydroxyzine.
Privilégier alternatives non pharmacologiques (approches comportementales et/ou thérapie cognitivocomportementale).
En cas de nécessité d’une approche pharmacologique, privilégier :
• pour une anxiété chronique (évoluant depuis au moins 6 mois) : un traitement de fond par antidépresseurs (IRS, IRSNA) ;
• pour des épisodes anxieux aigus : les benzodiazépines ou molécules apparentées à demi-vie courte ou intermédiaire parmi les molécules suivantes à visée anxiolytique (demivie par ordre croissant) : clotiazépam, oxazépam, lorazépam, alprazolam. Se reporter aux critères DO-4 et DU-1 pour la dose et la durée de traitement.
Privilégier alternatives non pharmacologiques (approches comportementales et/ou thérapie cognitivocomportementale).
En cas de nécessité d’une approche pharmacologique, privilégier :
• en première intention la mélatonine;
• en deuxième intention les benzodiazépines ou molécules apparentées à demi-vie courte ou intermédiaire parmi les molécules suivantes à visée hypnotique (demi-vie par ordre croissant) : zolpidem, zopiclone, loprazolam, lormétazépam, estazolam. Se reporter aux critères DO-4 et DU-2 pour la dose et la durée de traitement.
Effets anticholinergiques et efficacité discutable.
En première intention, rechercher et traiter la cause de la toux (par exemple : toux sous IEC/ARA II, toux infectieuse, etc.).
Si traitement pharmacologique nécessaire, privilégier des antitussifs sans propriétés anticholinergiques et non opiacés (hélicidine, oxéladine, pentoxyvérine).
Rappel : les antitussifs sont contre-indiqués en cas de toux productive.
Privilégier un médicament :
• sans propriétés anticholinergiques : mirabégron;
• avec faibles propriétés anticholinergiques : flavoxate uniquement chez la femme;
• avec moins d’effets anticholinergiques centraux (passage moindre de la barrière hématoencéphalique) : trospium.
fesoterodine,oxybutynine,solifenacine,tolterodine
Autres médicaments
Cardiologie
B/R-14
Antiangoreux : Nicorandil
Risque d’ulcérations cutanéomuqueuses. Risque majoré d’hypotension en cas d’associations avec d’autres antihypertenseurs.
Non recommandé en première intention dans le traitement symptomatique de l’angor stable.
Privilégier en première intention : bêtabloquants et/ou inhibiteurs calciques (sauf inhibiteurs calciques du critère B/R-17); en seconde intention : dérivés nitrés LP.
nicorandil
B/R-15
Antihypertenseurs d’action centrale : Clonidine, Méthyldopa, Moxonidine, Rilménidine...
Risque majoré d’hypotension orthostatique, bradycardie, syncope et chutes. Risque de sédation, syndrome dépressif et constipation.
Non recommandé en première intention dans le traitement de l’hypertension artérielle.
Privilégier les autres classes d’antihypertenseurs sauf alpha-1 bloquants [cf. critère B/R-16] et inhibiteurs calciques à libération immédiate [cf. critère B/R-17].
Risque majoré d’hypotension orthostatique et de chutes, vertiges, troubles du sommeil et incontinence urinaire.
Non recommandé en première intention dans le traitement de l’hypertension artérielle.
Privilégier les autres classes d’antihypertenseurs sauf les antihypertenseurs d’action centrale [cf. critère B/R-15] et inhibiteurs calciques à libération immédiate [cf. critère B/R-17].
Inhibiteurs calciques à libération immédiate : Nicardipine
Risque majoré d’hypotension orthostatique et de tachycardie réflexe avec les formes à libération immédiate.
Majoration du risque de complications cardio-vasculaires (ischémie myocardique).
Privilégier la forme à libération prolongée de nicardipine ou d’autres inhibiteurs calciques (nifédipine, amlodipine, lercanidipine) ou d’autres classes d’antihypertenseurs (IEC, ARA II, diurétique thiazidique ou de l’anse, bêtabloquants) sauf antihypertenseurs d’action centrale et alpha-1 bloquants [cf. critères B/R-15 et B/R-16].
nicardipine
B/R-18
Statines en prévention primaire des événements cardio-vasculaires
Absence de preuve formelle de l’efficacité des statines sur la réduction de la mortalité toutes causes chez les sujets âgés > 75 ans à faible risque cardio-vasculaire en prévention primaire.
Effets indésirables musculosquelettiques (myalgies, myopathies, rhabdomyolyse), risque de diabète et d’atteintes hépatiques.
Non recommandé en prévention primaire chez les personnes âgées > 75 ans à faible risque cardiovasculaire; abstention thérapeutique.
Contrôle des facteurs de risque cardio-vasculaire : mesures hygiénodiététiques (arrêt du tabac, activité physique, alimentation équilibrée sans régime restrictif, etc.), traitement antihypertenseur et/ou antidiabétique, etc.
Antiagrégants plaquettaires en prévention primaire des événements cardio-vasculaires (à l’exclusion de la prévention des complications thrombo-emboliques de la fibrillation atriale si intolérance et/ou contre-indications aux anticoagulants, cf. critère O-1)
Aspirine à dose antiagrégante (≤ 375 mg/jour)
Majoration du risque hémorragique avec efficacité incertaine en prévention primaire des événements cardiovasculaires chez les personnes âgées ≥ 70 ans.
Non recommandé chez les personnes âgées ≥ 70 ans en prévention primaire des événements cardio-vasculaires.
Contrôle des facteurs de risque cardio-vasculaire [cf. critères B/R-18].
Abstention thérapeutique.
Traitement non pharmacologique (contention veineuse, etc.).
diosmine,ginkgo,rutoside,troxerutine
Douleur
B/R-24
AINS : Indométacine par voie orale (hors collyre)
Effets indésirables neuropsychiques plus fréquents pour l’indométacine par rapport aux autres AINS.
Risque d’hémorragies et d’ulcérations gastro-intestinales.
Majoration du risque d’insuffisance rénale et d’hypertension artérielle.
Après reconsidération de l’indication et vérification des contre-indications : autre AINS en monothérapie, à la plus petite dose efficace et la plus courte durée possible en dehors des situations à risque listées dans les critères CC-3, CC-7, CC-11 et D4. Se reporter à ces critères pour adapter la prise en charge.
Privilégier les autres classes d’antidiabétiques (sauf glinides [cf. critère B/R-27]) en fonction du contrôle de la glycémie et de l’évolution du diabète.
glibenclamide,gliclazide,glimepiride,glipizide
B/R-27
Glinides : Répaglinide
Risque d’hypoglycémies sévères et absence de preuve sur la réduction du risque cardio-vasculaire. Aucune étude clinique réalisée chez les personnes âgées ≥ 75 ans dans le traitement du diabète de type 2.
Non recommandé chez les personnes âgées ≥ 75 ans dans le traitement du diabète de type 2.
Privilégier les autres classes d’antidiabétiques (sauf sulfamides hypoglycémiants [cf. critère B/R-26]) en fonction du contrôle de la glycémie et de l’évolution du diabète.
repaglinide
Hépato-gastroentérologie
B/R-28
Antiacides à base d’aluminium (seuls ou en association) : Hydroxyde d’aluminium, Phosphate d’aluminium
Efficacité discutable avec risque d’encéphalopathie aluminique en cas d’insuffisance rénale sévère et constipation induite par la présence d’aluminium.
Interaction médicamenteuse si non-respect du délai d’administration avec d’autres médicaments.
Privilégier d’autres antiacides à action locale : antiacides avec bicarbonate de sodium/alginate de sodium (attention à l’apport de sel), diméticone.
Bien respecter la prise à distance des autres médicaments (> 2 heures).
aluminium
B/R-29
Antidiarrhéiques : Lopéramide
Effets indésirables morphiniques (somnolence, confusion, vertiges, fécalome). Majoration du risque infectieux en cas de diarrhée infectieuse par ralentissement du transit.
Privilégier en première intention des mesures hygiénodiététiques (consommation d’aliments cuits, limiter les épices, café, alcool et les aliments gras, lavage des mains, etc.).
Si traitement pharmacologique nécessaire : envisager un traitement par diosmectite, racécadotril.
loperamide
B/R-30
Antisécrétoires anti-H2 : Cimétidine
Majoration du risque de confusion et d’interactions médicamenteuses.
Privilégier d’autres antisécrétoires : IPP (< 8 semaines) [cf. critère DU-6] ou autre anti-H2 (famotidine).
cimetidine
B/R-31
Antiulcéreux : Sucralfate
Efficacité discutable avec majoration du risque de bézoard et risque d’encéphalopathie aluminique en cas d’insuffisance rénale sévère et constipation induite par la présence d’aluminium.
Interaction médicamenteuse si non-respect du délai d’administration avec d’autres médicaments.
Risque d’inhalation et de pneumopathie lipoïde chez les personnes âgées avec des problèmes de déglutition.
Aggravation d’une incontinence anale.
Troubles de l’absorption digestive (réduction de l’absorption de vitamines liposolubles en cas d’utilisation prolongée).
Privilégier une monothérapie par laxatifs osmotiques (macrogol, lactulose).
Irritation colique et douleurs abdominales.
Majoration du risque d’hypokaliémie, notamment en cas d’association avec d’autres médicaments hypokaliémiants.
Privilégier une monothérapie par laxatifs osmotiques (macrogol, lactulose).
bisacodyl,docusate,cascara,picosulfate
Infectiologie
B/R-34
Fluoroquinolones
Risque plus élevé chez les personnes âgées d’effets indésirables à type de tendinopathies (fréquents avec corticothérapie associée), hypoglycémies ou hyperglycémies chez sujets diabétiques, troubles neuro-psychiques (syndrome confusionnel), convulsions, allongement de l’intervalle QT, d’anévrisme aortique et de dissection aortique.
Interactions médicamenteuses (potentialisation des effets des anticoagulants de type AVK) et majoration du risque d’antibiorésistance.
Non recommandé en première intention chez les personnes âgées (à l’exception d’infections documentées telles que les infections urinaires masculines, pyélonéphrites à Entérobactéries à bêtalactamases à spectre élargi, EBLSE).
Privilégier d’autres antibiotiques selon les recommandations en vigueur et/ou selon l’antibiogramme.
Risque majoré d’effets indésirables, car allongement de la demi-vie par diminution du métabolisme avec l’âge.
Effets indésirables sur le système nerveux central (syndrome confusionnel, troubles cognitifs, troubles psychomoteurs, troubles du comportement et altération du rythme nycthéméral).
Risque de chutes et de fractures, perte d’indépendance fonctionnelle.
Risque de dépendance physique et psychique en cas d’utilisation prolongée.
Privilégier alternatives non pharmacologiques (approches comportementales et/ou thérapie cognitivo- comportementale).
En cas de nécessité d’une approche pharmacologique (échec des alternatives non pharmacologiques), privilégier :
• pour une anxiété chronique (évoluant depuis au moins 6 mois) : un traitement de fond par antidépresseurs (IRS, IRSNA) ;
• pour des épisodes anxieux aigus : les benzodiazépines à demi-vie courte ou intermédiaire parmi les molécules suivantes à visée anxiolytique (demi-vie par ordre croissant) : clotiazépam, oxazépam, lorazépam, alprazolam. Se reporter aux critères DO-4 et DU-1 pour la dose et la durée de traitement.
Benzodiazépines hypnotiques à longue demi-vie (> 20 h) : Nitrazépam
Cf. critère B/R-35.
Privilégier alternatives non pharmacologiques (approches comportementales (règles d’hygiène de sommeil) et/ou thérapie cognitivo-comportementale).
En cas de nécessité d’une approche pharmacologique, privilégier :
• en première intention la mélatonine ;
• en deuxième intention les benzodiazépines ou molécules apparentées à demi-vie courte ou intermédiaire parmi les molécules suivantes à visée hypnotique (demi-vie par ordre croissant) : zolpidem, zopiclone, loprazolam, lormétazépam, estazolam. Se reporter aux critères DO-4 et DU-2 pour la dose et la durée de traitement.
nitrazepam
B/R-37
Agonistes dopaminergiques en traitement des tremblements essentiels : Apomorphine, L-dopa, Piribédil, Pramipexole, Ropinirole, Rotigotine
Efficacité non prouvée des agonistes dopaminergiques dans les tremblements essentiels. Risque accru d’effets indésirables : syndrome confuso-onirique, hallucinations, vertiges, hypotension orthostatique, troubles digestifs.
Abstention thérapeutique.
Envisager les bêtabloquants et selon le rapport bénéfice-risque sur un terrain cardio-vasculaire dans les tremblements essentiels très invalidants.
Efficacité discutable. Risque d’hypotension orthostatique, de chutes et de syncope.
Aucune indication aux vasodilatateurs cérébraux, à ne pas utiliser.
ginkgo,pentoxifylline,piracetam,moxisylyte
Urologie
B/R-39
Inhibiteurs de la 5-alpha réductase : Dutastéride, Finastéride
Efficacité discutable pour le traitement de l’hypertrophie bénigne de la prostate. Risque important de troubles dépressifs pouvant aller jusqu’à l’acte suicidaire.
En première intention, privilégier les alpha-1-bloquants à visée urologique (alfuzosine, doxazosine, silodosine, tamsulosine, térazosine) sauf si patients sujets à hypotension orthostatique et/ou traités avec des antihypertenseurs [cf. critère CC-1]
dutasteride,finasteride
Durée et/ou dose inadaptée
si OUI => Ajuster la dose et/ou la durée. Considérer les alternatives thérapeutiques
Tableau 4 (DO/DU) : Liste de médicaments potentiellement inappropriés à cause d’une dose et/ou une durée inadaptée chez les personnes âgées de 75 ans et plus ou 65 ans et plus polypathologiques.
Dose inadaptée
DO-1
Colchicine > 1,5 mg/jour lors du 1er jour de traitement pour accès aigu de goutte
Utiliser le schéma posologique suivant dans le traitement d’un accès aigu de goutte : J1 (1 mg dose de charge puis 0,5 mg une heure plus tard), J2 (1 mg/jour), J3 (0,5 mg/jour), J4 à J7 (0,5 mg/jour). Adapter la posologie à la fonction rénale.
Ne pas utiliser la forme associée à la poudre d’opium (tiémonium) qui peut masquer les diarrhées comme première manifestation d’un surdosage en colchicine.
En cas de diarrhée : arrêt avec reprise de la colchicine à une posologie plus faible (0,5 mg/jour).
colchicine
DO-2
Digoxine > 0,125 mg/jour ou digoxinémie > 1,2 μg/l
Augmentation de la sensibilité à la digoxine chez les personnes âgées et médicament à marge thérapeutique étroite.
Risque d’intoxication chez les sujets avec une insuffisance rénale sévère.
Signes de surdosage : troubles digestifs (vomissements, diarrhée), troubles de la conduction et du rythme cardiaque, troubles psychiatriques (confusion, hallucinations, délire) et anomalies de la vision des couleurs.
Diminution de la posologie et adaptation à la fonction rénale : digoxine ≤ 0,125 mg/jour ou adapter la dose pour une valeur cible de la digoxinémie entre 0,5 et 1,2 μg/l.
digoxine
DO-3
Tramadol > 200 mg/jour
Demi-vie d’élimination prolongée chez les sujets > 75 ans. Effets indésirables sur le système nerveux central (confusion, vertiges avec risque de chutes), troubles digestifs (nausées).
Propriétés sérotoninergiques avec risque de syndrome sérotoninergique en cas d’association avec d’autres molécules sérotoninergiques [cf. critère I-16].
Recommander de ne dépasser 200 mg/jour chez la personne âgée > 75 ans.
Dose d’entretien : 50 à 100 mg, en 2 prises et en respectant un intervalle de 9 h entre chaque prise.
Traitement pour une durée la courte possible.
Éviter la forme à libération prolongée (risque plus élevé effets indésirables dus à l’élimination retardée).
Si antalgie insuffisante : privilégier un autre antalgique de palier II (association avec le paracétamol en raison de la plus faible dose d’opioïdes) ou envisager un changement de palier (niveau III).
tramadol
DO-4
Benzodiazépines et molécule apparentées à demi-vie courte ou intermédiaire supérieure à la demi-dose proposée chez l’adulte jeune : Lorazépam > 3 mg/jour, Oxazépam > 30 mg/jour, Alprazolam > 2 mg/jour, Clotiazépam > 5 mg/jour, Loprazolam > 0,5 mg/jour, Lormétazépam > 0,5 mg/jour, Zolpidem > 5 mg/jour, Zopiclone > 3,75 mg/jour, Estazolam > 1 mg/jour
Pas de preuve d’efficacité supérieure si dose identique à la demi-dose proposée chez les sujets jeunes et majoration des effets indésirables (syndrome confusionnel, troubles cognitifs, troubles psychomoteurs, troubles du comportement et altération du rythme nycthéméral).
Risque de chutes et de fractures, perte d’indépendance fonctionnelle.
Risque de dépendance physique et psychique en cas d’utilisation prolongée.
Privilégier des alternatives non pharmacologiques : approches comportementales et/ou thérapie cognitivo-comportementale.
En cas de nécessité d’une approche pharmacologique, privilégier :
• pour une anxiété chronique (évoluant depuis au moins 6 mois) : un traitement de fond par antidépresseurs (IRS, IRSNA) ;
• pour des troubles du sommeil : la mélatonine.
Si traitement par benzodiazépines nécessaire (échec d’autres alternatives) : benzodiazépines ou molécules apparentées à demi-vie courte ou intermédiaire [cf. alternatives des critères DU-1 et DU-2] à dose inférieure ou égale à la moitié de la dose proposée chez l’adulte jeune et respecter les durées de prescription recommandées [cf. critères DU-1 et DU-2].
Risque majoré d’effets indésirables, car allongement de la demi-vie par diminution du métabolisme avec l’âge.
Effets indésirables sur le système nerveux central (syndrome confusionnel, troubles cognitifs, troubles psychomoteurs, troubles du comportement et altération du rythme nycthéméral).
Risque de chutes et de fractures, perte d’indépendance fonctionnelle.
Risque de dépendance physique et psychique en cas d’utilisation prolongée.
Déterminer une date d’arrêt du médicament dès l’instauration et proposer une décroissance progressive de la posologie lors de la planification de l’arrêt.
Privilégier des alternatives non pharmacologiques : approches comportementales et/ou thérapie cognitivo-comportementale
Benzodiazépines et molécules apparentées > 4 semaines si usage à visée hypnotique : Estazolam, Loprazolam, Lormétazépam, Nitrazépam, Zolpidem, Zopiclone
Cf. critère DU-1.
Déterminer une date d’arrêt du médicament dès l’instauration et proposer une décroissance progressive de la posologie lors de la planification de l’arrêt.
Privilégier des alternatives non pharmacologiques : approches comportementales (règles d’hygiène de sommeil) et/ou thérapie cognitivo-comportementale.
Colchicine pour prophylaxie des accès aigus de goutte > 6 mois
Rapport bénéfice/risque défavorable lors d’une utilisation prolongée.
Risque d’interactions [cf. critère I-22] et de surdosage aux conséquences potentiellement fatales [cf. critère DO-1].
Prophylaxie de 6 mois maximum recommandée en prévention des accès aigus de goutte lors de l’initiation d’un traitement par hypouricémiant.
Traitement prophylactique par colchicine à la dose de 0,5 mg/jour (sans dépasser 1 mg/jour) et adapter si nécessaire la posologie en fonction de la réponse clinique, du rapport bénéfice/risque et de la fonction rénale.
Ne pas utiliser la forme associée à la poudre d’opium qui peut masquer les diarrhées comme première manifestation d’un surdosage en colchicine.
En cas de diarrhée : arrêt avec reprise de la colchicine à faible posologie (0,5 mg/jour).
colchicine
DU-4
Cotrimoxazole > 10 jours (sauf si traitement dans le cadre des greffes, prévention d’infections chez sujets infectés par le VIH, patients lymphopénique atteints d’hémopathies malignes)
Effets indésirables hématologiques plus fréquents chez les personnes âgées ≥ 65 ans.
Risque d’hyperkaliémie et d’insuffisance rénale, et risque d’interactions médicamenteuses (AVK, sulfamides hypoglycémiants, etc.).
Traitement limité à 10 jours avec surveillance du bilan hématologique.
Si traitement envisagé > 10 jours selon l’infection à traiter : privilégier autre antibiotique selon les recommandations en vigueur et selon l’antibiogramme.
cotrimoxazole,sulfamethoxazole
DU-5
Nitrofurantoïne en traitement curatif > 7 jours
Risque d’atteintes pulmonaires et hépatiques (dont certaines d’origine immunoallergique) plus fréquentes chez les personnes âgées > 65 ans, de neuropathies périphériques.
Effets indésirables notamment lors de traitements prolongés (continus ou intermittents).
Traitement curatif de courte durée (5 à 7 jours) pour les cystites documentées (ECBU obligatoire) à risque de complications (pyélonéphrite, sepsis, etc.) chez la femme en l’absence de contre-indication (clairance de la créatinine < 45 ml/min)
nitrofurantoine
DU-6
IPP > 8 semaines
Lors d’une utilisation au long cours, risque d’effets indésirables à type de pneumopathies, colite pseudomembraneuse à Clostridium difficile, hypocalcémie avec risque d’ostéoporose et de fractures, hyponatrémie, hypomagnésémie, carence en fer et vitamine B12.
Ne pas reconduire un traitement par IPP :
• sans preuve endoscopique qu’un ulcère gastro-duodénal ancien soit encore actif;
• pour la prévention des lésions par antiagrégant plaquettaire chez des sujets sans antécédent d’ulcère gastro-duodénal ou sans traitement associé avec un anticoagulant ou un corticoïde;
• sans recherche d’infection à Helicobacter pylori avéré ;
• après un traitement de 8 semaines maximum pour des lésions gastro-duodénales dues aux AINS.
Association d’un IPP avec un AINS que pendant la durée de prescription des AINS chez les sujets à risque (> 65 ans ou avec antécédents d’ulcère gastro-duodénal ou traités par antiagrégant plaquettaire, anticoagulant ou corticoïde).
Si usage au long cours nécessaire (récidives d’œsophagite sur RGO, traitement d’entretien d’ulcère gastro-duodénal), privilégier la dose minimale efficace.
Risque d’exacerbation de certaines conditions cliniques fréquentes
si OUI => Considérer les alternatives thérapeutiques
Tableau 5 (CC) : Liste des médicaments potentiellement inappropriés à risque d’exacerbation de certaines conditions cliniques chroniques et fréquentes chez les personnes âgées de 75 ans et plus ou 65 ans et plus polypathologiques.
Cardiologie
Hypotension orthostatique
CC-1
Alpha-1 bloquants à visée urologique : Alfuzosine, Doxazosine, Silodosine, Tamsulosine, Térazosine, Antipsychotiques conventionnels et atypiques, Dérivés nitrés, Médicaments anticholinergiques
[cf. critères B/R-1 à B/R-14]
Majoration du risque d’hypotension orthostatique avec risque de chutes en particulier chez les personnes sujettes à des hypotensions orthostatiques et traitées par des antihypertenseurs.
À prendre en considération chez les sujets à risque d’hypotension orthostatique et/ou traités avec des antihypertenseurs.
Risque de décompensation de l’insuffisance cardiaque chronique.
À visée anti-inflammatoire, privilégier : corticoïdes pour la plus courte durée.
À visée antalgique, privilégier :
• en première intention : antalgiques de palier I (paracétamol sauf néfopam [cf. critère B/R-3]);
• en seconde intention : antalgiques de palier II (privilégier les associations avec le paracétamol en raison de la plus faible dose d’opioïdes ou de tramadol sans dépasser la posologie recommandée [cf. critère DO-3]).
Antiarythmiques classe IV dans la fibrillation atriale : Dronédarone
Risque de décompensation cardiaque chez des sujets présentant une insuffisance cardiaque sévère.
Risque d’insuffisance cardiaque, d’accidents vasculaires cérébraux et de décès d’origine cardio-vasculaire chez des sujets présentant une fibrillation atriale permanente (> 6 mois).
Privilégier un autre antiarythmique avec l’indication dans la prévention des récidives de fibrillation atriale en fonction de la maladie cardiaque sous-jacente (par exemple : sotalol, amiodarone) en concertation avec un cardiologue.
dronedarone
Hépato-gastroentérologie
Constipation chronique
CC-5
Médicaments avec des propriétés anticholinergiques (critères B/R-1 à B/R-14, I-18)
Risque de majoration de la constipation et d’occlusion.
Alternatives thérapeutiques des critères B/R-1 à B/R-14.
Risque de majoration de la constipation et d’occlusion.
Privilégier les autres classes d’antihypertenseurs (IEC, ARA II, diurétique thiazidique ou de l’anse, bêtabloquant) sauf antihypertenseurs périphériques [cf. critère B/R-16] et inhibiteurs calciques à libération immédiate [cf. critère B/R-17].
Majoration du risque d’ulcères gastro-duodénaux notamment chez les sujets à risque (antécédents d’ulcère gastro-duodénal ou traitement par corticoïde).
Majoration du risque de saignements d’ulcères gastro-duodénaux existants chez les sujets traités par antiagrégant plaquettaire ou anticoagulant.
À visée anti-inflammatoire, privilégier : corticoïdes pour la plus courte durée.
À visée antalgique, privilégier :
• en première intention : antalgiques de palier I (paracétamol sauf néfopam [critère B/R-3]);
• en seconde intention : antalgiques de palier II (privilégier les associations avec le paracétamol en raison de la plus faible dose d’opioïdes ou de tramadol sans dépasser la posologie recommandée [cf. critère DO-3]).
Si AINS indispensable, association avec un IPP pendant la durée de prescription de l’AINS [cf. critère DU-6].
Risque d’aggravation des troubles cognitifs et/ou apparition d’un syndrome confusionnel, risque de chutes.
Limiter au maximum leur prescription.
Privilégier les alternatives non pharmacologiques : approches comportementales et/ou thérapie cognitivo-comportementale.
En cas de nécessité d’une approche pharmacologique, privilégier :
• pour une anxiété chronique (évoluant depuis au moins 6 mois) : un traitement de fond par antidépresseurs (IRS, IRSNA);
• pour des troubles du sommeil : la mélatonine.
Si traitement par benzodiazépine nécessaire (échec d’autres alternatives) : limiter au maximum la posologie et la durée de prescription [cf. critères DO-4 et DU-1/DU-2].
Privilégier les benzodiazépines ou molécules apparentées à demi-vie courte ou intermédiaire [cf. alternatives des critères DU-1 et DU-2].
Risque d’aggravation des troubles cognitifs et/confusionnels.
Sédation, troubles de la marche avec risque de chutes et traumatismes crâniens.
Augmentation du risque d’accidents vasculaires cérébraux et risque de décès.
Non recommandé pour les troubles du comportement dans les troubles neurocognitifs majeurs. Privilégier en première intention un traitement non pharmacologique : approche comportementale et/ou thérapie cognitivo-comportementale (relaxation, contact social, etc.).
Si traitement pharmacologique nécessaire pour la prise en charge des troubles du comportement (échec des alternatives non médicamenteuses et préjudice pour le sujet et son entourage) et après avis spécialisé :
• en première intention : antidépresseurs (par exemple : IRS) à faibles doses et progressivement croissantes ;
• en seconde intention : rispéridone et olanzapine recommandées pour une durée la plus courte possible à faibles doses et progressivement croissantes avec réévaluation régulière du rapport bénéfice/risque.
Risque de majoration d’une insuffisance rénale chronique.
Rappel : contre-indiqué en cas d’insuffisance rénale sévère.
À visée anti-inflammatoire, privilégier : corticoïdes pour la durée la plus courte.
À visée antalgique, privilégier :
• en première intention : antalgiques de palier I (paracétamol sauf néfopam [critère B/R-3]);
• en seconde intention : antalgiques de palier II (privilégier les associations avec le paracétamol en raison de la plus faible dose d’opioïdes ou de tramadol sans dépasser la posologie recommandée [cf. critère DO-3]).
Interactions médicamenteuses inappropriées
si OUI => Considérer un changement de médicament, une adaptation des posologies et/ou une surveillance clinique/biologique
Tableau 6 (I) : Liste d’interactions médicamenteuses potentiellement inappropriées avec de potentielles conséquences cliniques graves et fréquentes chez les personnes âgées de 75 ans et plus ou 65 ans et plus polypathologiques
Risque de trouble de la conduction, de syncope et de bradycardie excessive (addition des effets).
Si association nécessaire : prudence et surveillance clinique renforcée (pouls, ECG).
Privilégier le traitement cardio-vasculaire seul par rapport à cette association médicamenteuse.
Digoxine + diurétique de l’anse ou diurétique thiazidique
Majoration du risque de toxicité de la digoxine par hypokaliémie (troubles de la conduction et de l’excitabilité, troubles digestifs). Augmentation de la sensibilité à la digoxine chez les personnes âgées.
Si association nécessaire : prudence et surveillance clinique (ECG, état d’hydratation) et biologique (contrôle de la kaliémie et fonction rénale).
Anticoagulant oral (antagonistes de la vitamine K, inhibiteurs du facteur Xa ou inhibiteurs directs de la thrombine) + antiagrégant plaquettaire (incluant aspirine à des doses de 50 mg à 375 mg par jour)
Risque hémorragique augmenté chez les personnes âgées.
Association appropriée en post-infarctus du myocarde dans certaines situations à haut risque emboligène (fibrillation atriale, thrombus intraventriculaire gauche, complications thrombotiques veineuses).
Si association nécessaire : prudence et surveillance clinique et/ou biologique.
Anticoagulant oral (antagonistes de la vitamine K, inhibiteurs du facteur Xa ou inhibiteurs directs de la thrombine) + AINS
Majoration du risque hémorragique.
Interrompre l’AINS.
À visée antalgique :
• en première intention : antalgiques de palier I (paracétamol) sauf néfopam [cf. critère B/R-3] ;
• en seconde intention : antalgiques de palier II (privilégier les associations avec le paracétamol en raison de la plus faible dose d’opioïdes ou de tramadol sans dépasser la posologie recommandée [cf. critère DO-3]).
Antagonistes de la vitamine K + antibiotiques (macrolides, fluoroquinolones, cyclines, cotrimoxazole, céphalosporines (céfamandole, ceftriaxone, céfazoline, clindamycine))
Majoration de l’effet de l’antivitamine K et du risque hémorragique (modification de la flore intestinale conduisant à une modification de la synthèse de vitamine K).
Risque plus élevé pour certaines classes d’antibiotiques.
Si association nécessaire : prudence avec contrôle plus fréquent de l’INR.
Adaptation éventuelle de la posologie de l’antivitamine K pendant le traitement par antibiotique et après son arrêt.
Antiagrégant plaquettaire (incluant aspirine à des doses de 50 mg à 375 mg par jour) + AINS
Majoration du risque ulcérogène, hémorragique et d’insuffisance rénale.
Interrompre l’AINS.
À visée antalgique :
• en première intention : antalgiques de palier I (paracétamol) sauf néfopam [cf. critère B/R-3] ;
• en seconde intention : antalgiques de palier II (privilégier les associations avec le paracétamol en raison de la plus faible dose d’opioïdes ou de tramadol sans dépasser la posologie recommandée [cf. critère DO-3]).
Risque majoré d’effets indésirables (concentration-dépendants) à type de rhabdomyolyse par diminution du métabolisme de la statine.
Contre-indication avec la simvastatine.
Si possible, suspendre la statine pendant le traitement antibiotique.
Si association nécessaire : prudence et surveillance clinique et biologique pendant le traitement par antibiotique et utiliser des doses plus faibles de statines ou changer de statine (fluvastatine).
IEC + sels de potassium
IEC + diurétiques épargneurs potassiques (amiloride, triamtérène, éplérénone, spironolactone)
ARA II + sels de potassium
ARA II + diurétiques épargneurs potassiques (amiloride, triamtérène, éplérénone, spironolactone)
Diurétiques épargneurs potassiques (amiloride, triamtérène, éplérénone, spironolactone) + sels de potassium
Majoration du risque d’hyperkaliémie.
Contre-indication pour l’association diurétiques épargneurs potassiques et sels de potassium. Vérifier l’indication pour la supplémentation en potassium.
Si possible, changer la classe de l’antihypertenseur pour éviter l’interaction.
Si l’association ne peut être évitée : prudence avec contrôle très étroit de la kaliémie et de la fonction rénale.
Cotrimoxazole + IEC
Cotrimoxazole + ARA II
Cotrimoxazole + diurétiques épargneurs potassiques (amiloride, triamtérène, éplérénone, spironolactone)
Cotrimoxazole + sels de potassium
Majoration du risque d’hyperkaliémie.
Si possible, changer d’antibiotique en fonction de l’antibiogramme et/ou des recommandations en vigueur.
Si association ne peut être évitée : prudence et surveillance de la kaliémie et de la fonction rénale.
IEC ou ARA II + AINS (incluant aspirine > 375 mg/jour)
Risque d’hyperkaliémie, d’insuffisance rénale aiguë chez le patient à risque (déshydraté, sous diurétiques, avec une fonction rénale altérée).
Réduction de l’effet antihypertenseur.
Interrompre l’AINS.
À visée antalgique :
• en première intention : antalgiques de palier I (paracétamol) sauf néfopam [cf. critère B/R-3] ;
• en seconde intention : antalgiques de palier II (privilégier les associations avec le paracétamol en raison de la plus faible dose d’opioïdes ou de tramadol sans dépasser la posologie recommandée [cf. critère DO-3]).
Risque d’insuffisance rénale aiguë et de décompensation cardiaque.
Réduction de l’effet antihypertenseur.
Interrompre l’AINS.
À visée antalgique :
• en première intention : antalgiques de palier I (paracétamol) sauf néfopam [cf. critère B/R-3] ;
• en seconde intention : antalgiques de palier II (privilégier les associations avec le paracétamol en raison de la plus faible dose d’opioïdes ou de tramadol sans dépasser la posologie recommandée [cf. critère DO-3]).
Utilisation concomitante de 2 et plus médicaments hyponatrémiants* (diurétiques, antidépresseurs imipraminiques, IRS, IRSNA, mirtazapine, carbamazépine, oxacarbazépine, IPP)
* Liste non exhaustive, ciblant les médicaments les plus fréquemment utilisés chez les personnes âgées.
Majoration du risque d’hyponatrémie avec ou sans SIADH associé. Risque plus élevé de confusion et de chutes chez les personnes âgées.
Limiter le nombre de médicaments hyponatrémiants en vérifiant les indications et contre-indications et en utilisant à nouveau le processus implicite de revue des médicaments (algorithme) pour considérer des alternatives possibles.
Si association nécessaire en l’absence de contre-indications : prudence et surveillance clinique et biologique.
Utilisation concomitante de 3 et plus médicaments dépresseurs du système nerveux central (parmi les antiépileptiques, antipsychotiques, benzodiazépines, antidépresseurs, opioïdes)
Majoration de la dépression centrale et du risque de syndrome confusionnel.
Altération de la vigilance, de la mémoire et de l’équilibre avec risque de chutes.
Limiter le nombre de médicaments agissant sur le système nerveux central en vérifiant les indications et contre-indications et en utilisant à nouveau le processus implicite de revue des médicaments (algorithme) pour considérer des alternatives possibles.
Demander un avis spécialisé.
Utilisation concomitante de 2 et plus médicaments avec des propriétés sérotoninergiques* (IRS, IRSNA, imipraminiques, IMAO, mirtazapine, miansérine, tramadol, lithium)
* Liste non exhaustive, ciblant les médicaments les plus fréquemment utilisés chez les personnes âgées.
Addition de l’effet sérotoninergique.
Risque d’apparition ou de majoration d’un syndrome sérotoninergique (diarrhée, tachycardie, sueurs, tremblements, confusion jusqu’au coma dans les cas les plus graves).
Limiter le nombre de médicaments avec des propriétés sérotoninergiques en vérifiant les indications et contre-indications et en utilisant à nouveau le processus implicite de revue des médicaments (algorithme) pour considérer des alternatives possibles.
Si nécessaire en l’absence de contre-indications : prudence et surveillance clinique.
Colchicine + macrolides (sauf spiramycine) ou pristinamycine
Augmentation des effets indésirables de la colchicine (inhibition de son métabolisme) avec risque de surdosage (diarrhées, vomissements, douleurs abdominales), hypotension, troubles hématologiques (pancytopénie), polypnée, néphrotoxicité et défaillance multiviscérale. Évolution potentielle fatale.
Contre-indication.
Autre antibiotique selon les recommandations en vigueur et/ou selon l’antibiogramme.
Si traitement par macrolide indispensable : revoir la prescription de la colchicine.